Passez une année à la fac et vous aurez l’occasion d’assister à un véritable carrousel de transitions, d’animations, de vidéos et d’autres effets de style ne répondant pas toujours à l’expression « en bonne mesure ».
Ces 10 règles que je vous propose ne sont pas la réponse à tout (une grande partie de la qualité d’une prestation orale dépendant avant tout de l’état d’esprit et de la démarche de l’orateur), mais elles peuvent servir de fil directeur pour non seulement vous éviter de passer trop de temps sur vos fichiers, mais aussi rester efficace !
1. Choisir le logiciel approprié
Vous avez peut-être entendu parler d’alternatives au fameux PowerPoint, traduction directe du système aujourd’hui obsolète des diapositives et, si ce n’est pas le cas, je vous encourage vivement à regarder ce qui se fait.
Ce choix définira la dynamique de base de votre présentation :
- Linéaire ?
- Spatiale ?
- Cartographique ?
- Exploratrice ?
Beaucoup de choses sont possibles aujourd’hui et ces logiciels repoussent toujours plus loin les limites visuelles et pédagogiques des supports de présentation.
En bouquet non exhaustif, vous avez Prezi (présentation spatiale), Sozi (son alternative libre), PowerPoint (classique linéaire), Impress (son alternative libre), Google Slide (pour éditer en ligne et en collaboratif), Marp (pour ceux qui préfèrent le MarkDown), la classe Beamer pour LaTeX et même Blender, un logiciel de 3D, qui peut être hacké pour créer une présentation façon Prezi !
Retrouvez ces alternatives et un petit paquet d’autres sur AlternativeTo.net 😉
2. Utiliser un modèle et des styles
Le cas échéant (si le logiciel vous le permet), utilisez les styles de formatage (titre principal, sous-titre, corps de texte) ainsi qu’un modèle afin d’obtenir un rendu aussi systématique que possible et de placer tous les éléments redondants toujours au même endroit.
Lorsque vous présentez et qu’il y a de légers décalages d’une diapo sur l’autre, cela attire inutilement l’œil de l’auditeur et gâche la présentation.
Sur Impress, ils appellent ça slide master (onglet view > Slide master) : un mode d’affichage qui vous permet de placer des éléments tels que la date, le numéro de la diapo actuelle, etc. afin de revenir ensuite en mode édition où ces champs sont inaccessibles — ils sont là, interagiront mais ne bougeront plus.
3. Exporter en PDF
Si vous devez présenter sur un autre ordinateur que le vôtre (80 à 90% des cas), placez sur votre clef USB votre présentation dans votre format préféré ainsi que son export en PDF — il y a toujours un risque d’incompatibilité et, à ce moment-là, le PDF est salvateur :
- Tout ordinateur possède un lecteur PDF,
- Les éléments (typographie, images, etc.) sont fixés à l’intérieur,
- Pas (ou extrêmement peu) de risques d’incompatibilité.
4. Une diapo par minute
N’en faites pas trop ! On a toujours envie d’en raconter un maximum, surtout si le sujet nous passionne, mais il y a fort à parier que tout ce que vous souhaitez dire ne tiendra pas dans les 15, 20, 30 ou 60 minutes que vous avez à votre disposition.
Gardez donc ce chiffre à l’esprit : une diapo par minute c’est bien assez !
5. 10 mots par diapo
Je vous vois venir : « Quoi ? 10 mots, c’est tout ?! »
Les supports de présentation sont avant tout faits pour illustrer votre propos : ils ne doivent pas prendre le pas sur votre discours et, surtout, ils ne doivent pas le répéter.
Pour faire simple, un texte trop long aura pour effet :
- De provoquer la lecture de l’auditeur plutôt que l’écoute,
- De surcharger et perdre le regard de l’auditeur,
- De risquer de vous faire lire plutôt que de parler à votre auditoire,
- Pire : de risquer de vous faire retourner vers la projection pour pouvoir lire !
- De détourner l’attention des autres éléments que vous avez placés (images, détails, etc.)
Si vous envisagez de commenter une citation d’auteur, vous pouvez toujours la placer en fond, mettre un léger effet de flou et placer d’autre images permettant de zoomer uniquement sur les mots importants que vous souhaitez commenter.
6. Assumer les coquilles
Pas de panique ! Les coquilles, ça arrive à tout le monde, débutants comme confirmés, amateurs comme professionnels. Même les grosses… et même les énormes !
Dans ce cas, la meilleure chose à faire est de l’énoncer clairement à votre auditoire : « Ah ! Pardon pour la coquille, elle est passée inaperçue à la relecture ! » ou bien « Désolé pour cette image, elle ne passe pas au projecteur comme je l’avais prévue ! » ou encore « Tiens, j’ai oublié de traduire ce titre que j’ai repris de ma précédente présentation en anglais ! » suffisent largement pour vous expliquer et désamorcer toute situation de gêne ou de jugement.
Généralement, les coquilles arrivent dans des situations assez typiques :
- Finir la présentation en dernière minute,
- Réutiliser une présentation précédente,
- Utiliser un modèle ou un logiciel que vous ne connaissez pas bien, etc.
Ces situations n’ont rien de dramatique : on les voit au quotidien dans le monde universitaire (colloques, congrès, cours) et chacun fait du mieux qu’il peut avec son agenda et sa charge de travail malgré cette énorme pression d’une idée reçue qui voudrait qu’il faille absolument faire du 100% nouveau à chaque présentation.
Pourtant, ce serait dommage de ne pas s’en resservir si ça marche ! Avec un peu d’habileté et de mesure, on peut s’inspirer ou réutiliser avec parcimonie, en évitant de servir du réchauffé.
7. Ne jamais lire
Même si vous avez des notes papier de votre discours, ne lisez jamais : cela endort et ennuie votre auditoire à tous les coups… et plus encore si vous êtes assis, les coudes sur le bureau et le nez dans votre texte !
Envisagez plutôt la présentation comme un entretient, une interview ou une discussion : vous êtes là pour parler aux gens !
Quelques points pour créer des notes qui vous y aideront :
- Utilisez une police très large (vous devez pouvoir la lire en étant debout, vos notes sur la table),
- Utilisez le format cartes d’index (A6, A7) plutôt que des pages A4 (quitte à imprimer en 4 ou 8 pages par feuille)
- Rédigez en style télégraphique : notez les mots clefs et les notions plutôt que des phrases,
- Ne phrasez que les citations (si vous jugez avoir besoin de ressortir la phrase telle quelle).
8. Éviter de se retourner vers l’écran
Pas facile ! On a toujours tendance à le faire et ce n’est pas fondamentalement grave si ce n’est que ponctuel, mais on a tous assisté au moins une fois à une présentation pour laquelle l’orateur fut la majorité de temps de dos… et ce n’est pas très engageant !
Considérez que vous ne devez vous retourner que pour vérifier la visibilité / lisibilité de votre diapo (certains dessins passent mal au projecteur) ou montrer un détail sur l’écran.
9. Se tenir droit et assumer
Chacun répond au stress à sa manière : certains trépignent, d’autres se tordent les doigts, d’autres encore torturent un stylo… Bref ! Il y a de nombreux cas de figure et nous faisons tous de notre mieux pour éviter que cela nous gâche la vie.
Cependant, ces tics ressortiront vraisemblablement en situation de présentation orale car vous vous retrouverez face à un public et aurez le sentiment d’être jugé. Il n’y a pas vraiment de recettes pour régler ça : à chacun de s’entraîner, de mettre en place les outils qui luis permettront de sécuriser la performance et de bâtir sa confiance en soi.
- Si vous avez besoin de notes, faites-en (mais n’écrivez pas trop !),
- Si vous avez besoin qu’un ami lève une main amicale indiquant « il te reste 5 minutes! », demandez-le lui,
- Si vous avez besoin de mettre une main dans la poche pour l’empêcher de trembler, faites-le (mais une à la fois, sinon ça fait nonchalant),
- Si vous devez parler avec les mains pour vous sentir bien, ne vous en privez pas !
Évitez de tenir un objet dans les mains si vous êtres du genre à gesticuler des doigts sous le stress : il risque de tomber voire pire, de se retrouver projeté dans le public!
Mais dans tous les cas, vous tenir droit et assumer vos choix vous aidera : après tout, vous l’avez bossée cette présentation, non ?
10. Gérer les trous de mémoire
« Et donc, … euh … là on peut dire … »
Qui n’a pas déjà vécu le fameux trou de mémoire, cet ennemi juré et mortel de l’orateur?! Pourtant, malgré son inéluctabilité partielle, il n’est pas invincible.
La prise de notes ne vous servira la plupart du temps à rien à ce moment-là : généralement, il s’agit d’une phase de déconnexion de notre cerveau qui se retrouve comme projeté dans le vide, hors de l’espace-temps constitué par le cadre de votre présentation orale. Résultat : vous fouillez vos notes et vous ne parvenez plus à retrouver le bon passage. Lorsque vous parvenez à raccrocher, c’est généralement la feuille sur laquelle vous aviez posé votre main dès le début !
Fuite mentale sous l’impact du stress, surcharge d’informations ou d’intentions, je ne saurais trop dire (il faudra que je cherche d’ailleurs, c’est intéressant !).
Les seules préparations et parades valables que je connaisse consistent :
- À répéter encore et encore votre discours en amont (vous en imprégner),
- À créer un discours qui ait du sens pour vous (qui vous touche),
- À se tranquilliser, se poser, observer la diapo 5 secondes et revenir.
Dans ce cas-là vous pouvez faire une entorse à la règle Éviter de se retourner, car votre support de présentation constitue aussi une trame que vous avez conçue et qui peut raviver votre souvenir pour vous remettre sur les rails.
J’espère que cela pourra vous aider dans la production de vos présentations !
J’ai essayé d’être synthétique tout en donnant des détails utiles, n’hésitez pas à m’indiquer si ça l’a été pour vous en commentaire 🙂
N’hésitez pas à partager vos expériences via commentaires et à relayer l’article à ceux qui pourraient en profiter !
À bientôt pour un nouveau sujet !